Budget 2026 : Lecornu mise sur une taxe financière pour rallier le PS

Pour désamorcer la motion de censure brandie par les socialistes, le Premier ministre Sébastien Lecornu propose de remplacer la taxe Zucman par un prélèvement ciblé sur le patrimoine financier des très grandes fortunes. Cette concession, couplée à l'abandon de l'article 49.3 pour faire adopter le budget 2026, doit convaincre la gauche de laisser passer son programme sans renier les lignes rouges gouvernementales.

Négociations budgétaires sous haute tension

Après un dîner avec Emmanuel Macron, Sébastien Lecornu a renoncé à l'usage du 49.3 pour adopter la loi de finances 2026, une première depuis 2022. L'exécutif veut ainsi restaurer la main du Parlement et signifier sa volonté de dialogue dans un contexte d'Assemblée nationale sans majorité absolue.

Cette concession institutionnelle intervient au moment où s'ouvrent les ultimes tractations à Matignon. L'objectif affiché : éviter une coalition des oppositions, alors que Les Républicains mettent déjà en garde contre "une coalition des démagogues" qui adopterait un budget contraire aux "intérêts supérieurs du pays".

Une taxe ciblée sur le capital financier

Hostile à la taxe Zucman qu'il juge "dangereuse pour l'économie et l'emploi", Sébastien Lecornu avance une nouvelle taxe sur le patrimoine financier hors actifs professionnels. L'entourage du Premier ministre estime que certaines optimisations fiscales des très grandes fortunes ne sont plus défendables et qu'un prélèvement circonscrit aux holdings ferait office de compromis.

Cette distinction majeure épargne les outils de production, là où le projet de Gabriel Zucman ciblait l'ensemble des patrimoines supérieurs à 100 millions d'euros à hauteur de 2 % par an. Pour l'économiste, la proposition de Matignon relève d'un "tour de passe-passe sémantique" préservant le privilège des milliardaires, mais elle pourrait rassurer les acteurs économiques effrayés par l'assiette large de la taxe Zucman.

Réactions contrastées dans l'opposition

Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, juge la proposition "très insuffisante" et "alarmante", tout en accordant au Premier ministre quelques heures supplémentaires pour préciser son projet avant la déclaration de politique générale de mardi. La gauche continue de réclamer des "ruptures de fond" sur la justice fiscale et sociale.

Lecornu a également promis d'intégrer une mesure de pouvoir d'achat au budget 2026, en affirmant que "tous les scénarios sont sur la table". Les partenaires de gauche campent toutefois sur leurs revendications : suspension de la réforme des retraites, taxation réelle des ultra-riches et soutien accru aux ménages.

Prochain test : la déclaration de politique générale

La déclaration prévue mardi après-midi constituera le verdict politique de cette séquence. Sans majorité absolue, le gouvernement mise sur une architecture d'accords ponctuels, mais Bruno Retailleau (LR) prévient qu'une alliance entre RN et gauche pourrait imposer un budget jugé périlleux pour l'économie française.

En cas d'échec, une motion de censure renverserait le gouvernement. La fenêtre de négociation ouverte ce week-end sera donc décisive pour la survie politique de Sébastien Lecornu et la trajectoire budgétaire du pays.

Points clés à retenir

Sources

• Boursorama - Budget 2026 : Matignon propose une taxe sur le patrimoine financier
• La Croix - Lecornu renonce à l'article 49.3 pour laisser le Parlement légiférer
• Le Figaro - Taxe sur le patrimoine financier pour convaincre les socialistes
• BFMTV - Fin de la taxe Zucman, place à une taxe sur la fortune personnelle
• Le Dauphine - Direct : les annonces de Sébastien Lecornu
• TF1 Info - Ultimes concertations autour du budget 2026
• Le Monde - En direct : déclaration de politique générale attendue mardi