Console portable branchée sur un dock de jeu vidéo

Switch 2 : la mise à jour 21.0.0 rebatt les cartes des docks tiers

15 novembre 20258 min de lecture

Introduction

Un mois à peine après les premiers tests des docks compacts pour Switch 2, la mise à jour système 21.0.0 publiée par Nintendo a fait tomber certains accessoires dans l’obsolescence. The Verge et Kotaku rapportent que plusieurs marques, qui avaient répliqué la séquence USB-C propriétaire du dock officiel, constatent des écrans noirs depuis la dernière mise à jour. La console détecte bien l’alimentation, mais refuse d’afficher l’image ou la fait sauter toutes les quelques secondes.

L’incident rappelle l’affaire du « dock killer » de 2018 qui avait grillé des Switch première génération, mais cette fois c’est Nintendo qui a changé les règles du jeu. Officiellement, le constructeur affirme « ne pas vouloir invalider les docks tiers légaux ». Dans les faits, les fabricants doivent comprendre de nouveau le « handshake » crypté du port USB-C maison. Derrière cet imbroglio technique se cachent des enjeux économiques : Nintendo compte vendre sa console avec un dock premium à 99 euros quand les alternatives promettaient un format voyage à 40 euros.

Développement

Selon l’investigation de The Verge, la version 21.0.0 introduit une vérification supplémentaire sur la gestion de l’énergie, probablement liée aux nouveaux profils USB Power Delivery. Les accessoires compatibles s’appuyaient sur des microcontrôleurs généralistes programmés pour renvoyer la même signature que le dock officiel. Or Nintendo semble désormais exiger une réponse cryptée ou à minima une combinaison unique de voltage et de signalisation. Résultat : les docks bon marché, qui misent sur des puces standards, ne fournissent plus le signal vidéo.

Certaines marques sont passées entre les mailles du filet. Viture nous confirme que son Pro Mobile Dock, conçu initialement pour ses lunettes XR, continue de fonctionner grâce à un firmware propriétaire qui lit et rejoue le protocole de Nintendo. Antank, fabricant d’une station verticale S3 Max, affirme avoir anticipé l’évolution avec une puce de casting custom capable de s’ajuster aux changements de tension. Ces exceptions prouvent que Nintendo n’a pas totalement fermé la porte, mais elles montrent aussi que la course au reverse engineering devient un coût d’entrée conséquent dans la périphérie Switch.

Pour les autres, le casse-tête commence. Les accessories Genki ou JSAUX, qui promettent des docks chargeurs format chargeur d’ordinateur pour les fêtes, doivent désormais repasser par une batterie de tests. Les équipes produits interrogées par The Verge expliquent qu’il leur faut analyser les trames USB-C capturées sur un dock officiel 21.0.0, modifier leur firmware, puis lancer une certification maison. Cela peut prendre plusieurs semaines, au risque de rater le pic des ventes de fin d’année.

Ce que l’on sait de la mise à jour 21.0.0

  • Renforcement du protocole USB-C pour détecter les docks non certifiés.
  • Stabilisation HDMI annoncée par Nintendo, mais non documentée techniquement.
  • Réponse officielle : pas d’intention de « nuire aux docks légaux », message transmis à Kotaku.

Derrière la communication policée, Nintendo redessine la frontière entre accessoire légal et accessoire « illégal ». Les juristes de la firme s’appuient sur les exceptions de la DMCA américaine : toute tentative de contourner une mesure technique de protection peut être considérée comme illégale si elle n’est pas explicitement autorisée. Pourtant, historiquement, Nintendo a aussi licencié des partenaires (Hori, 8BitDo) via des programmes d’accessoires sous licence. L’hypothèse la plus plausible est donc la création d’un label officiel, équivalent au programme MFi d’Apple : les fabricants paieraient des royalties et obtiendraient les clés nécessaires pour négocier le nouveau handshake. En attendant, la communauté de joueurs se retrouve piégée entre deux options coûteuses : acheter un deuxième dock officiel ou attendre une hypothétique mise à jour firmware des accessoires.

Analyse critique

✅ Côté Nintendo, la stratégie se défend : la Switch 2 dispose d’un SoC maison qui doit supporter des modes portables et TV en 4K. Garantir un dock calibré limite les risques d’arc électrique ou de surtension qui pourraient générer un scandale. Le constructeur protège aussi une source de marge incontournable : les accessoires.

⚠️ Pour les utilisateurs, la situation frôle l’obsolescence logicielle programmée. Ceux qui ont acheté un dock tiers avant le 21.0.0 se retrouvent avec un presse-papier sans compensation. 📊 Les fabricants tiers, eux, doivent absorber un coût de R&D supplémentaire qui se répercutera sur les prix finaux, alors même que le marché réclame des accessoires plus abordables.

🔍 Enfin, cette mise à jour pose la question de la transparence logicielle. Nintendo n’a pas documenté les changements. Les développeurs hardware doivent donc déduire les règles en sniffant les paquets USB, ce qui accroît le risque de firmwares bricolés et donc d’incidents techniques. Une démarche plus collaborative, avec un programme de certification clair, offrirait à la fois des garanties de sécurité et un marché plus dynamique pour les accessoires. Reste à savoir si Nintendo préférera verrouiller ou orchestrer cet écosystème.

Conclusion

Le firmware 21.0.0 transforme un micro-détail hardware en signal stratégique : Nintendo veut garder la main sur les docks Switch 2 et n’hésite pas à imposer ses règles à coup de mises à jour silencieuses. Pour les joueurs comme pour les fabricants, la meilleure parade consiste à réclamer un programme de certification transparent et à retarder les achats impulsifs. Les prochains mois diront si Nintendo opte pour l’ouverture contrôlée… ou pour un écosystème fermé digne d’un smartphone premium.

Sources

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