Drapeaux américains et chinois avec le logo de TikTok

Trump et Pékin s'entendent sur un accord-cadre pour TikTok

17 septembre 20254 min de lecture

Donald Trump affirme avoir scellé un accord-cadre avec Pékin pour maintenir TikTok aux États-Unis, repoussant l'échéance de cession au 16 décembre pendant que les négociateurs bouclent les termes. L'annonce intervient à la veille d'une interdiction potentielle, après quatre reports de la loi exigeant la vente par ByteDance.

Un accord-cadre pour éviter la coupure

Le président américain a signé un nouveau décret repoussant la date limite imposée par le Congrès en 2024, qui force ByteDance à céder TikTok ou à affronter une interdiction nationale. Le cadre, négocié par le secrétaire au Trésor Scott Bessent lors des discussions commerciales de Madrid, doit maintenant être consolidé par une conversation directe entre Trump et Xi Jinping programmée vendredi.

La Maison-Blanche précise que l'application restera opérationnelle jusqu'au 16 décembre, le temps pour les deux capitales de transformer ce cadre en contrat final. Bessent a salué le rôle du président, estimant que « sans son leadership et l'influence qu'il exerce, nous n'aurions pas été en mesure de conclure l'accord aujourd'hui ».

Un consortium américain en première ligne

Selon le Wall Street Journal et Bloomberg, Oracle, Silver Lake et Andreessen Horowitz mèneraient un consortium destiné à contrôler environ 80 % des activités américaines de TikTok. Le montage prévoit un conseil d'administration majoritairement composé de dirigeants américains, dont un siège réservé à un représentant du gouvernement fédéral.

ByteDance conserverait 19,9 % de participation, juste en dessous du seuil de 20 % fixé par la loi américaine. Les actionnaires existants de ByteDance, dont Susquehanna International Group, General Atlantic et KKR, participeraient également au véhicule de contrôle, ce qui leur offrirait un levier sur la gouvernance sans contrevenir au texte voté par le Congrès.

Les négociateurs espèrent que cette structure hybride rassurera Washington sur la souveraineté des données tout en permettant à ByteDance de conserver une valeur financière significative dans TikTok, désormais fort de 170 millions d'utilisateurs américains.

L'algorithme au cœur du bras de fer

Le segment le plus sensible du dossier porte sur l'algorithme de recommandation de TikTok. Wang Jingtao, directeur adjoint de l'Administration du cyberespace de Chine, assure que l'accord inclut une licence sur l'algorithme et d'autres droits de propriété intellectuelle de ByteDance, une concession rare pour une technologie classée stratégique à Pékin.

À Washington, le Comité spécial de la Chambre sur le Parti communiste chinois prévient qu'un accord ne sera acceptable que si l'algorithme échappe totalement à l'influence chinoise. « Il ne serait pas conforme si l'algorithme demeure chinois », a rappelé un porte-parole, soulignant la crainte d'une manipulation politique des flux de contenus.

Pékin invoque pour sa part ses lois sur l'exportation, qui lui donnent un droit de regard sur tout transfert de technologie stratégique. Selon Reuters, les utilisateurs américains pourraient migrer vers une nouvelle application actuellement testée, alimentée par un algorithme sous licence, en attendant l'issue du bras de fer réglementaire.

Un calendrier diplomatique serré

Donald Trump doit s'entretenir avec Xi Jinping vendredi pour arbitrer les derniers points techniques et politiques. Toute avancée dépendra de la capacité des deux dirigeants à traduire le cadre actuel en un accord juridique qui résiste au contrôle du Congrès et au scepticisme des autorités chinoises.

En attendant, Pékin et Washington mesurent le risque de voir des millions d'utilisateurs basculer vers des plateformes concurrentes ou vers des versions parallèles de TikTok si une interdiction entrait en vigueur. Les équipes commerciales accélèrent également la réflexion sur de futures obligations de localisation des données et sur un renforcement de la surveillance fédérale.

Ce qu'il faut surveiller

  • Validation politique du cadre par Washington et Pékin avant le 16 décembre.
  • Modalités précises de transfert ou de licence de l'algorithme de recommandation.
  • Composition finale du conseil d'administration américain et rôle du représentant fédéral.
  • Réaction du Congrès américain et risques de contestations judiciaires supplémentaires.

Sources

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