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Lire l'article →2,4 milliards d’utilisateurs vont bientôt voir apparaître une nouvelle option dans leurs réglages WhatsApp : « chats tiers ». Meta vient d’annoncer que la fonction commencerait à se déployer dans toute la région européenne après plusieurs mois de tests discrets. C’est la mesure la plus visible de la conformité au Digital Markets Act (DMA), la loi qui impose aux « gatekeepers » d’ouvrir leurs jardins clos.
Les deux premières applications à brancher leurs connexions sur WhatsApp s’appellent BirdyChat et Haiket, deux services européens qui proposaient déjà de la messagerie cloud multi-plateformes. Elles ne sont pas encore des mastodontes, mais elles servent de banc d’essai à la mécanique imposée par Bruxelles : un usager pourra leur écrire depuis WhatsApp sans quitter l’application verte, partager photos, vidéos, notes vocales et fichiers avec un chiffrement de bout en bout équivalent à celui de Meta. Les groupes mixtes suivront quand les partenaires auront bouclé leur audit de sécurité.
Meta explique avoir dialogué pendant trois ans avec la Commission et les messageries européennes pour définir un protocole commun. Le DMA demande que les services dominants offrent une démarche simple, opt-in, détaillant les différences de protection entre les conversations internes et externes. Les notifications arriveront dans les réglages européens de WhatsApp, uniquement sur Android et iOS : la version web restera cantonnée aux échanges natifs pour éviter de multiplier les surfaces d’attaque tant que la sandbox n’est pas certifiée.
TechCrunch rappelle que Meta avait déjà dévoilé en 2024 l’interface imaginée pour ces conversations croisées : un onglet dédié, un badge d’information à chaque message et un panneau pédagogique détaillant le protocole utilisé par le partenaire. C’est le prix à payer pour conserver le statut de chiffrement fort exigé par Bruxelles. Les API sont gratuites mais exigeantes : chaque partenaire doit démontrer que ses clefs de chiffrement sont stockées dans l’Espace économique européen et que les métadonnées restent cloisonnées.
Pour l’instant, le périmètre reste volontaire : seuls les utilisateurs qui activent la fonction pourront recevoir des messages externes. Meta espère que cette approche suffira à contenir le spam, d’autant qu’aucune pub ni aucune automatisation n’est autorisée dans les conversations connectées. Mais la Commission a déjà prévenu : si les chiffres d’activation restent faibles, elle exigera des scénarios d’opt-out afin de maximiser l’effet concurrentiel.
Les ramifications dépassent l’Union européenne. Les autorités britanniques, brésiliennes et indiennes s’inspirent déjà du DMA pour obliger les messageries dominantes à ouvrir leurs réseaux. WhatsApp, Telegram, iMessage, Signal, Viber et WeChat redoutent de perdre l’exclusivité sur les effets de réseau qui leur donnent du pouvoir tarifaire face aux marques et aux développeurs de mini-apps.
BirdyChat et Haiket servent de pilotes, mais Meta affirme que de nouvelles annonces suivront « chaque fois qu’un partenaire aura validé son audit de chiffrement ». En clair, l’entreprise veut avancer lentement pour éviter un fiasco de sécurité qui donnerait du grain à moudre aux législateurs américains hostiles à Meta. Dans le même temps, les concurrents comme Matrix, Signal ou Element voient s’ouvrir un marché de services B2B : aider les entreprises à orchestrer ces connexions sur plusieurs continents.
✅ Les gagnants immédiats sont les développeurs européens, qui n’ont plus besoin de lever des fonds gigantesques pour atteindre l’audience WhatsApp. Les services publics — santé, administrations, transports — peuvent aussi enfin proposer des canaux alternatifs sans forcer les citoyens à installer une nouvelle app.
⚠️ Les perdants potentiels sont les utilisateurs les moins technophiles : ils devront décrypter une hiérarchie de conversations plus complexe, jongler avec des avertissements sur le niveau de protection des chats tiers et accepter que Meta partage — même sous anonymat — davantage de métadonnées avec des partenaires. Une mauvaise pédagogie pourrait provoquer un rejet et ruiner l’effet DMA.
🔍 Reste la question de la sécurité. Les messageries concurrentes devront prouver qu’elles offrent le même niveau de chiffrement, ce qui exclut de facto les solutions moins matures. Or le DMA a été pensé pour ouvrir le marché à de nouveaux venus. Comment équilibrer ouverture et sécurité ? Et comment prévenir les États autoritaires qui pourraient exploiter ces passerelles pour surveiller leurs dissidents via des apps satellites ? Meta comme Bruxelles n’ont pour l’instant pas de réponse définitive.
L’ouverture des chats tiers est un tournant emblématique : l’app de messagerie la plus utilisée au monde accepte de devenir une plateforme que d’autres peuvent exploiter — sous haute surveillance. Pour Meta, c’est un pari : mieux vaut canaliser la contrainte DMA que résister et risquer des amendes de 10 % du chiffre d’affaires mondial. Pour les utilisateurs, c’est l’occasion de reprendre la main sur leurs conversations. Reste à savoir si la mayonnaise prendra et si WhatsApp saura gérer la complexité d’une interopérabilité mondiale sans sacrifier la simplicité qui a fait son succès.
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