BlackRock BUIDL devient collatéral chez Binance et accélère la tokenisation
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Lire l'article →443 millions de dollars investis dans l’iShares Bitcoin Trust (IBIT) de BlackRock : la disclosure trimestrielle de Harvard Management Company bouleverse les lignes de la finance institutionnelle. L’endowment le plus observé au monde, qui gère plus de 55 milliards d’actifs au bénéfice de l’université américaine, consacre soudain 20 % de son portefeuille coté aux États-Unis à un ETF bitcoin. Jusqu’ici, les endowments préféraient s’exposer à la crypto via des fonds de venture ou des mandats spécialisés. Cette entrée en force dans un produit liquide envoie un signal aux universités européennes et asiatiques qui surveillent Washington et la SEC avant d’oser franchir le pas.
La décision intervient pourtant dans un contexte délicat : le bitcoin vient de glisser sous les 100 000 dollars, plongeant l’indicateur « fear and greed » dans la zone d’extrême peur. Pour Harvard, c’est l’occasion de se positionner à contre-courant tout en démontrant qu’un endowment peut articuler rendement, liquidité et conformité réglementaire. L’information, révélée par CoinDesk après analyse du formulaire 13F déposé auprès de la SEC, relance le débat sur la place des actifs numériques dans les portefeuilles universitaires qui financent la recherche sur plusieurs continents.
Harvard déclare détenir 6,8 millions de parts IBIT au 30 septembre 2025, ce qui représente plus de 20 % de la valeur de son portefeuille coté aux États-Unis. Rapporté à l’ensemble de l’endowment (55 milliards), ce pari reste inférieur à 1 %, mais il suffit pour placer Harvard parmi les vingt principaux détenteurs d’IBIT selon l’analyste Bloomberg Eric Balchunas. Cette entrée intervient à un moment où la plupart des ETF crypto enregistrent des sorties nettes après la correction automnale, signe qu’Harvard mise sur un rebond à moyen terme.
Position IBIT
6,8 M de parts
Soit 443 M$ de valeur de marché déclarée, première ligne cotée du portefeuille.
Part du portefeuille US
20,3 %
Une allocation supérieure à celle de Microsoft, Amazon ou des ETF S&P classiques.
L’endowment explique vouloir profiter de la liquidité quotidienne d’IBIT plutôt que de multiplier les investissements directs dans des plateformes ou exchanges privés. Cette approche réduit l’exposition aux faillites type FTX et facilite la gestion de trésorerie pour financer bourses, laboratoires et programmes internationaux. Elle montre aussi que les ETF approuvés par la SEC, adossés à des conservateurs réglementés, suffisent désormais à satisfaire les comités d’audit et les conseils d’université.
Harvard intervient alors que les régulateurs européens finalisent MiCA et que Singapour teste des échanges de devises tokenisées. Son pari pourrait déclencher un effet domino : Yale, Stanford ou Oxford pourraient justifier une allocation similaire auprès de leurs trustees en citant Harvard comme preuve de concept. En Europe, les universités qui gèrent des dotations plus modestes mais actives en recherche quantique y verront peut-être un moyen de diversifier leurs revenus face à l’inflation.
Sur le plan macro, l’arrivée d’Harvard sur IBIT renforce le rôle de BlackRock comme pont entre finance traditionnelle et crypto. L’ETF gère désormais près de 75 milliards d’actifs, soit plus que le PIB de pays comme la Croatie. Cette masse donne à New York un rôle central dans la fixation du prix du bitcoin, au moment où les acteurs asiatiques multiplient les produits similaires à Hong Kong et Tokyo. Les desks de trading devront donc surveiller les réallocations trimestrielles des endowments tout comme ils surveillent celles des fonds souverains.
Les gagnants évidents sont les partisans d’une adoption institutionnelle du bitcoin. Harvard apporte une validation symbolique qui manquait encore, démontrant que les cadres de gouvernance les plus stricts peuvent accepter un ETF crypto. Cela pourrait attirer d’autres investisseurs « conservateurs » – compagnies d’assurance, fondations philanthropiques – et augmenter la profondeur de marché.
Mais les risques restent considérables. Le bitcoin reste volatil, fortement corrélé à la liquidité globale et sensible aux décisions de la Réserve fédérale. Une correction vers 80 000 dollars dégraderait immédiatement la performance trimestrielle du portefeuille Harvard, exposant le management aux critiques des alumni et des agences de notation. Par ailleurs, une trop forte concentration sur IBIT accroît la dépendance vis-à-vis de BlackRock : si l’émetteur modifiait ses frais ou ses politiques de prêt, la rentabilité nette de l’endowment serait impactée.
Enfin, ce mouvement soulève des questions éthiques. Les campus doivent-ils profiter d’un actif dont l’empreinte énergétique reste controversée ? Harvard assure compenser par des investissements dans les énergies renouvelables, mais les étudiants activistes promettent déjà de vérifier que les engagements climatiques sont respectés. Le pari de 443 millions n’est donc pas seulement financier : il cristallise le débat sur la responsabilité sociale des universités face aux innovations monétaires.
En investissant dans IBIT, Harvard dépasse le stade de l’expérimentation discrète et inscrit le bitcoin dans sa stratégie à long terme. Ce geste pourrait accélérer la normalisation des actifs numériques dans les portefeuilles institutionnels, mais il oblige aussi les universités à renforcer leur transparence sur l’origine des rendements, l’impact environnemental et la gestion des risques. Dans un environnement géopolitique tendu, la diversification via des actifs décorrélés peut sembler prudente, à condition de garder un cap clair. Harvard vient de fixer ce cap. Reste à voir combien d’institutions suivront – et à quelle vitesse.
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